Turin 2024... quatrième fois que je participais à un rassemblement international des END. J’ai toujours apprécié ce genre d’événement qui permet de goûter à une dimension du mouvement souvent mal connue. A fréquenter des couples, mais aussi de évêques, conseillers spirituels, plus de huit mille personnes venues de tous les continents, on se rend compte de ce qu’est l’Église, on vit une sorte de Pentecôte.
Le contenu des différentes interventions est accessible sur le site de TORINO 2024.
Je me limite à témoigner de quelques points auxquels j’ai été plus sensible.
Le thème principal : « Allons avec un cœur brûlant » se référait au texte de Luc 24, 13-35 sur la rencontre de disciples et de Jésus sur le chemin d’Emmaüs. Ce récit rejoint le cheminement des couples dans le sacrement du mariage et la démarche de l’Église lors qu’elle célèbre l’eucharistie.
Le lien entre les deux n’est pas une simple coïncidence, il fait sens. Le thème a été décliné en plusieurs étapes journalières : Fragilité, Eclairage, Offrande, Communion, Envoi.
Jésus vient encore à notre rencontre au cœur de nos fragilités. Il rend vivantes les Écritures, il nous fait voir autrement les événements. Plusieurs couples ont témoigné de cela. Ils avaient connu des étapes très perturbées, mais leur écoute mutuelle nourrie par la prière et l’écoute de la Parole de Dieu les ont conduits à découvrir que le Seigneur était bien à côté d’eux et les écoutait.
Nous avons vécu l’écoute mutuelle dans trois réunions brassées le soir qui ont confirmé ces témoignages. On pensait qu’on était seul avec nos difficultés, mais on apprend des autres, on se rend compte que le Seigneur est avec nous.
Dans l’eucharistie, l’absence éprouvée du Christ devient présence reconnue grâce aux signes originaux qu’il nous a laissés : le pain et le vin consacrés . Ces signes nous engagent à une transformation. Dans le DSA, par exemple, on vit une transformation réciproque : chacun se laisse transformer par l’autre en renonçant à ce qui fait obstacle à l’Évangile. Plus largement l’Église vit une démarche synodale qui va dans le même sens, elle fait un DSA en adoptant une attitude d’humilité, de reconnaissance des péchés, de foi, de prière, de dialogue, de partage, de liberté intérieure, de passage de la compétition à la coopération.
A travers l’eucharistie, le couple découvre qu’il a effectivement une vocation ecclésiale. Les disciples d’Emmaüs sont retournés à Jérusalem pour témoigner auprès des apôtres. Ne fuyons pas la communauté : il faut passer du ‘je’ au ‘nous’ dans le couple et dans une Église-famille plus relationnelle.
De là découle aussi la mission de construire un monde nouveau..On a bien perçu comment les engagements des uns et des autres étaient le fruit de tout ce cheminement.
En tant que prêtre je me sens invité à donner plus de place à la complémentarité entre ministère ordonné et sacrement de mariage des couples que j’accompagne aux END et dans les préparations au mariage. Cette intuition du Père Caffarel vaut toujours et prend un sens renouvelé dans le contexte du Synode.
Souhaitons que tous nos équipiers puissent bénéficier de l’élan de ce rassemblement et que celui-ci apparaisse dans nos célébrations eucharistiques.
Père Jean-Paul HENRY, C.S d’Asnières 26